jeudi 1 mai 2008

Les Mains Sales :de Jean Paul Sartre

INTRODUCTION

L’œuvre les Mains Sales de Jean Paul Sartre est une pièce théâtrale qui se déroule pendant la seconde guerre mondiale.Il a eu des problèmes politiques dans les pays les plus concernés par la guerre : la France en était un.
L’œuvre tente du mieux qu’elle peut de nous faire toucher du doigt les problèmes d’un parti politique prolétarien.

L’AUTEUR ET L’ŒUVRE

BIOGRAPHIE

Philosophe et écrivain français, jean Paul Sartre est né à Paris le 21 juin 1905.Orphelin de père dès sa petite enfance, Sartre est élevé par sa mère et ses grands-parents dans un univers protégé, dominé par les livres.
Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, il est d’abord professeur au Havre puis à Paris.
En 1964, au grand émoi du monde entier et des français en particulier Jean Paul Sartre refuse le prix Nobel de littérature, non par provocation mais parce que dit-il « l’écrivain doit refuser de se laisser transformer en institution, même si cela a lieu dans les formes les plus honorables comme c’est le cas ».
Sartre n’a cessé depuis les années quarante de montrer l’exemple d’un engagement politique permanent pour les causes qui lui paraissent garantir un accroissement de liberté dans le monde.
Hésitant pendant la guerre, intellectuel de gauche, associé à de nombreux combats, militant (contre la guerre d’Algérie, contre la torture, contre toutes les formes de colonialisme), il est aussi le chef de file du mouvement existentialiste.Cette philosophie se repose sur l’idée que l’être humain n’est pas déterminé à sa naissance et qu’il revient d’utiliser sa liberté pour « devenir » ce qu’il n’est pas encore.
Peu après hospitalisé à Broussais pour un œdème pulmonaire, il meurt à Paris le 15 avril 1980, avant d’avoir atteint ses 75 ans.

BIBLIOGRAPHIE

En plus des Mains Sales, jean Paul Sartre est l’auteur de plusieurs œuvres littéraires, philosophiques et théâtraux parmi lesquelles on peut citer :

Les œuvres littéraires :

- La nausée (roman) 1938
- Le mur (nouvelle) 1939
- Les chemins de la liberté (roman) 1945-1949
- L’engrenage 1948
- Situation (essais) 1947-1976
- Les mots (autobiographie) 1964
- L’idiot de la famille (essais) 1971
- On a raison de se révolter (livre dialogue) 1975

Parutions posthumes :
- Simone de Beauvoir (entretiens avec J.P Sartre) 1974 1981
- Carnets de la drôle de guerre 1983

Les œuvres philosophiques :

- L’imagination (essais) 1936-1940
- Esquisse d’une théorie des émotions 1939
- L’être et le néant 1943
- L’existentialisme est un humanisme 1946
- Entretiens sur la politique 1946
- Saint Genet, comédien et martyr 1952
- Critiques de la raison dialectique 1960

Parutions posthumes

- Freud 1984
- Critiques de la raison dialectiques (inachevé) 1986

Les œuvres théâtrales :

- Les mouches 1943
- Huis clos 1944
- La putain respectueuse 1946
- Les mains sales 1948
- Le diable et le bon Dieu 1951
- Nekrassov 1955
- Les séquestrés d’altona 1959
- Les troyennes 1965

L’ŒUVRE

L’œuvre de jean Paul Sartre « Les Mains Sales » est une pièce théâtrale parue en 1948 au théâtre Antoine par François Perier et André Luguet.
L’œuvre compte deux cent quarante cinq (245) pages divisées en sept (7) tableaux et chaque tableau est divisé en scènes.
- Premier tableau : Sortie de prison de Hugo (page 11 à page 34)
- Deuxième tableau : Désir d’être actif (page 35 à 54)
- Troisième tableau : Caractère peu sérieux de Hugo à cause de ses forces (pages 55 à 112)
- Quatrième tableau : rencontre entre Hoederer et les bourgeois (pages 113 à 158)
- Cinquième tableau : Hésitation de Hugo à tuer Hoederer (pages 159 à 200)
- Sixième tableau : tentative de Jessica de charmer Hoederer (pages 201 à 228)
- Septième tableau : Assassinat de Hoederer par Hugo (pages 229 à 249).

RESUME

Hugo, un jeune fils de riche s’est enrôlé dans le parti pour cesser de voir les autres avoir faim, car lui, n’a jamais eu faim.Mais cet anarchiste bourgeois n’est relégué qu’aux tâches intellectuelles alors qu’il veut à tout prix être dans l’action, vivre l’action.Un jour la chance (ou malchance) lui sourit.Il devra exécuter Hoederer, un des fondateurs du parti après avoir acquis sa confiance.

ETUDE DES PERSONNAGES

LE HEROS (HUGO)

C’est le personnage clé de l’œuvre.D’une vingtaine d’année, il était journaliste dans le parti pour ensuite être le secrétaire chez Hoederer.Hugo est un fils de famille riche, qu’il a cependant quitté pour s’inscrire au parti par souci de justice sociale, son sort d’enfant gâté lui paraissant inacceptable devant la misère du peuple.Il était un petit anarchiste indiscipliné, un intellectuel qui ne pensait qu’à prendre les attitudes, un bourgeois qui travaillait quand ça lui chantait et qui laissait tomber le travail pour un « oui pour un non »( illustration page 27).Il est un farceur que l’on prend difficilement au sérieux.


LES PERSONNAGES PRINCIPAUX

Hoederer : c’est l’homme fort de la pièce.Il est le secrétaire général du parti.Hoederer était un député du Landtag avant la dissolution pour ensuite être secrétaire du parti (illustration page 44).Il prit une décision qui ne plut pas au parti, c’est-à-dire qu’il voulait que le parti prolétaire s’associe aux fascistes et au pentagone pour partager le pouvoir avec eux après la guerre.Ce qui amena son assassinat(illustration page 48).Si l’on peut dire du sens de la pièce, c’est lui qui va exposer à Hugo sa théorie des « Mains Sales » : « tous les moyens sont bons, dit-il quand ils sont efficaces, et il ne faut pas hésiter à se salir les mains ».Hoederer préfère le salut des hommes à la pureté des idées.

Jessica : c’est une jeune femme d’origine bourgeoise et aisée, de caractère léger, mais beaucoup plus fine et intuitive qu’il n’y paraît.Elle est l’innocence ( à la fois fausse et vraie) la fausse note et le faux pas dans le ballet plutôt mal réglé des consciences politiques qui l’entourent(illustration page 72).Elle est la femme de Hugo.Elle n’aimait pas celui-ci mais hoederer.Jessica voulut charmer hoederer, Hugo ayant vu hoederer embrasser Jessica, il le tua sans hésiter(illustration page 228).

Olga : c’est un personnage féminin, certes, mais marqué d’une assez forte « masculinité ».Toute fois ces deux composantes adverses ne laissent pas tomber une figure attachante de militante politique convaincue et rigoureuse, mais non dénuée de sentiment.Elle a un peu la conscience de Hugo, une conscience aussi politique que maternelle qui fait tout et use de toutes les instances pour sauver, mais sans succès.Toutefois, son attitude à l’égard de Hugo n’est pas des plus simple et semble être passée par des phases diverses.

LES PERSONNAGES SECONDAIRES

Louis : Il est le représentant du parti.C’est lui qui a chargé Hugo de tuer Hoederer (illustration page 53).C’est également lui qui voulait faire tuer Hugo après sa sortie de prison afin qu’il se taise. (Page 25)

Slick, Georges et Léon : sont trois gaillards très élémentaires aux muscles d’acier qui sont les gardes du corps de Hoederer(page 134).Ils sont rentrés, au parti d’abord pour manger à leur faim et échapper ainsi à une lancinante obsession.Assurément ce sont pas des têtes politiques,mais au moins ont-ils trouvés dans le parti un emploi et du pain, et dès lors sans doute une conviction.Aussi sont-ils prêt, en échange à appliquer aveuglement les consignes de fouille qu’on leur a données(illustration page 85).

Le prince : c’est le fils du régent.c’est un homme gros.

Karsky : c’est le secrétaire du pentagone.c’est un homme grand.


ETUDE THEMATIQUE

THEME PRINCIPAL

La politique : L’œuvre de Jean Paul Sartre est le récit de la vie d’un militant atypique dans un parti politique prolétarien.Il s’agit de l’engagement de Hugo.Il voulait tuer Hoederer parce qu’il voulait se faire voter sur une proposition et Louis était contre (illustration page 15-54)
En outre, nous avons la rencontre de Hoederer avec les gens du pentagone et le régent.Ce passage nous illustre les desseins de Hoederer en leur mentant quelque fois (illustration page 187 à 191)

THEMES SECONDAIRES

L’assassinat : Comme nous l’avons dit précédemment pour les dirigeants du parti, l’assassinat est le moyen le plus sûr pour contraindre une personne à garder le silence (illustration page 27 et 229).Nous pouvons prendre comme exemple louis qui voulait tuer Hugo dès sa sortie de prison pour qu’il se taise.

La trahison : N’ayant fait qu’exécuter les ordres du parti, Hugo après sa libération fut trahi par les membres de son parti qui voulaient le tuer.En réalité,il ne devait pas y avoir de problème.Cependant comme il était devenu un danger, pour le parti, son élimination s’imposait également(illustration page 27)
Hugo a cru totalement et entièrement au parti mais il se trouvait que le parti lui cachait la vérité. (Illustration page 243 à 245).

Le mensonge : un autre argument invoqué par Hugo contre la politique de Hoederer est l’impossibilité d’accepter le mensonge fondamental qu’elle supposait parce que le mensonge est un vice bourgeois par excellence et doit être totalement prohibé de tous rapport humain qu’ils soient collectifs sociaux ou individuels.Et Hugo de rappeler à ce sujet que c’est la constatation attristée du mensonge familial dans lequel il vivait depuis son enfance qui a motiver sa révolte et adhésion au parti (page 169).
STYLE DE L’AUTEUR

L’ECRITURE

Jean Paul Sartre, utilise dans les Mains Sale de « l’allégué » pour signifier la durée réelle d’un évènement ou d’une période décrite ou évoquée dans un récit ou une scène de théâtre (un temps) (page 45).
L’œuvre est aussi écrite en tableau et chaque tableau est divisé en scène.

LES ELEMENTS STYLISTIQUES

Si le théâtre de Sartre est la partie la plus appréciée de son œuvre, c’est à son style qu’il doit, en particulier dans les Mains Sales, on apprécie la modernité de cette pièce, sa grande puissance d’impact l’intensité de la phrase satriènne.
Cette phrase est très éloignée, bien entendu, de la redondance oratoire, de la tirade.En fait, le style sartirien est à l’image de la situation de théâtre qu’il veut exprimer.Le théâtre de situation requiert un certain style qui n’est pas celui de la tragédie.Quel est donc le caractère de ce style ?
La phrase est simple, le champ lexical réduit, les mots sont bruts, secs, sans la moindre valeur suggestive, mais fortement incisifs : ils expriment des réalités très nettes et abordent les termes précis soit d’une conduite politique, soit d’une alternative.Chaque mot, de ce fait a une valeur décisive et exprime de lui-même la totalité de son sens.La phrase exprime les données d’un problème, le plus souvent sous une forme disjonctive.
Le style des Mains Sales concis, tendu et précis est l’instrument parfait du jeu tant politique que psychologique des personnages sous leur apparence de langage commun, chacune des phrases, chacun des mots non seulement sont riches de sens, mais définissent parfaitement, un état d’âme qu’une situation donnée avec l’alternative qu’elle propose.Disons qu’avec irréversible, parfaite instruments de la pensée philosophique.

CAS PARTICULIER

Les Mains Sales sont un drame politique certes, puisque son enjeu est la « suppression physique » d’un leader politique jugé capable par son parti de compromettre très dangereusement ou même de faire échouer un projet de prise de pouvoir dans un pays désigné sous le nom d’Illyrie, à la fin de la seconde guerre mondiale.Or les Mains Sales étaient une pièce d’inspiration nettement marxiste et invoquant certain grand principes de la stratégie communiste, une information politique ou moins élémentaire apparaît absolument nécessaire.On comprendra alors ce que signifient « avoir les mains sales » et « se salir les mains ».


L’ESPACE ET LE TEMPS

L’ESPACE

La pièce les Mains Sales se déroule dans un pays imaginaire que Sartre appelle Illyrie, pseudonyme assez transparent qui désigne de toute évidence la Hongrie.Les actions se passent plus précisément a trois endroits qui sont :
- la maison de Olga : c’est là où s’est rendu Hugo après sa sortie de prison (p 14).C’est aussi là que se sont rendu les ministres de son parti pour le faire taire. (p 24)
- le bureau de Hoederer : c’est l’endroit où travaille Hugo comme secrétaire.C’est là qu’il aura le meurtre de Hoederer (p 226).
- Le pavillon : c’est le lieu où habite Hugo et Jessica.


LE TEMPS

L’originalité première des Mains Sales est d’avoir fait du temps ce cadre obligatoire de toute présentation, facteur essentiel de l’action dans les mains sales, le temps n’est pas une dimension d’ordre purement cumulatif où les mouvements et les jours se suivent et s’additionnent.Le temps , dans cette pièce est d’une autre valeur parce qu’il motive et détermine très précisément tant les phrases générales de l’action que les comportements individuels des personnages.On pourrait distinguer ces différents aspects du temps :
- le temps scénique : cette importance du temps apparaît dans le fait que cette pièce se passe sur deux ans, ce qui n’est pas absolument commun.Il s’agit d’un flash-back.Hugo est entré au parti en 1942 et l’action proprement dite commence en Mars 1943.Hugo réapparaît chez Olga en mars 1945 à 9 heures du soir et à la demande de celle-ci, il raconte son histoire, l’assassinat de Hoederer qui s’est passé deux ans avant.
- Le temps psychologique : c’est le temps très limité, ce temps est rempli par les doutes et les hésitations de Hugo qui ne peut pas se résoudre à tuer Hoederer.
- Le temps carcéral : c’est le temps passé par Hugo en prison pendant ce temps beaucoup d’évènement se sont passé notamment la séparation de Hugo et de Jessica.C’est aussi un temps de réflexion de méditation, de retour sur le passé, peut être même de projet d’avenir.En un mot, nous pouvons dire que l’histoire se déroule de 1942 à 1945.


CONCLUSION

Bien que nous n’ayons pas d’une manière globale la fin de l’histoire, cette œuvre laisse à réfléchir.Comme l’a si bien dit Hoederer à Hugo dans l’œuvre : « peut-on s’imaginer que l’on puisse gouverner innocemment ».